Je suis fascinée par les gens qui passent leurs journées à enchaîner des réunions. Je le suis encore plus par les gens qui se plaignent de passer leurs journées à enchaîner des réunions. Pas fascinée au sens "cynique" mais pour ce que ça nous apprend de l'entreprise : l'acceptation sans discussion.
Je vous entends d'ici penser "oui, mais bon, on m'invite à des réunions faut bien qu'j'y aille". C'est sûr ça ? Faut bien qu't'y ailles ?
Combien se sont retrouvés dans des réunions en étant surpris : "tiens, Jean-Rémi aussi est là ? je ne vois pas bien ce qu'il vient faire" ?
Breaking news : il y a de très grandes chances, que parmi toutes vos réunions d'aujourd'hui, vous soyez le Jean-Rémi de la session (plus probablement : l'un des Jean-Rémi de la session...). Celui qu'on a invité "pour info", qui n'a pas de lien direct avec le sujet, il allumera son micro de temps en temps : "oui c'est bon on voit bien tes slides en partage", mais n'aura pas d'apport à la réunion puisque lui-même n'est pas sûr de la raison de sa présence. En revanche, ce qui est sûr, c'est que pendant qu'il est là, il n'est pas en train de traiter ses mails ou de finaliser son dossier urgent pour demain. Il le fera sans doute ce soir, après avoir enchaîné les 6 réunions de sa journée, dont 4 étaient "pour info".
Alors Jean-Rémi, voici mon conseil, il tient en une seule question à poser à l'organisateur d'une réunion dont on ne comprend pas l'invitation : "peux-tu me dire ce qui sera attendu de moi pendant ou à l'issue de la réunion ?".
Si c'est pour informer sur un sujet, alors demandez à plutôt être destinataire du compte-rendu ou relevé de décisions. Je soupçonne que cette technique d'inviter la terre entière à des réunions d'info ne soit en fait qu'un moyen d'éviter de rédiger des compte-rendus de réunion, sauf que quand la technique se généralise et que tout le monde invite tout le monde, et bien tout le monde se retrouve sans valeur ajoutée à des réunions au lieu d'être en production sur son activité.
Cela ne devrait pas être le cas, mais j'ai l'impression que questionner sa présence en réunion est devenu un espèce d'acte de courage en entreprise !?!
La normalité semble être devenue de passer plus de temps en réunion qu'à son bureau. Sauf que, à l'heure du travail hybride, les collaborateurs n'en peuvent plus d'enchaîner les Teams. En présentiel il y avait au moins l'apport "social" de l'interaction directe, du café et discussions off entre participants avant ou à la fin de la réunion. A distance, seul devant son écran Teams, le collaborateur prend conscience du côté absurde de cette situation, dont le caractère subit s'ajoute en plus à sa fatigue mentale.
Comprendre sa contribution attendue et sa valeur ajoutée à une réunion, n'est pas un crime de lèse-majesté, mais tout au contraire la bonne attitude professionnelle à adopter. La responsabilité n'est pas uniquement du côté de l'organisateur de la réunion, mais aussi des destinataires qui devraient s'autoriser à reprendre en mains leur agenda et avoir un vrai impact sur les sujets auxquels ils sont légitimement associés en réunion.